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Retour au passé
Contemplation
C'est peut-être maintenant que je m'en rends compte, seulement maintenant. J'ai parcouru tellement de chemin que cela m'étonne. Je n'ai mal nul part, je ne ressens pas de douleur, ou sans doute si on cherche bien, un peu au fond du cœur. J'ai envie d'en parler, mais par peur de ne pas m'exprimer correctement, par crainte de ne pas trouver les mots justes, je préfère me dire que ce petit bonheur quotidien me reste entier. Seulement pour moi. Partager ses bonheurs, c'est comme partager ses malheurs, ça peut aider, ça peut blesser. C'est si dur de le comprendre ? Les gens se pressent comme des fourmis tout autour, avides de sang, avides de mort. Ce sont des vautours, ils attendent qu'on crève, ils attendent qu'on se répandent sur les routes. Nous avons une place dans la société, nous serons leurs cadavres, leur distraction de la journée. Ils ne veulent pas savoir, ils ont des oiseaux morts dans la tête, les yeux perdus dans le vide. Comme je les plains, comme je ne voudrais pas être à leur place. Allongée, les yeux vers le ciel, ma vie s'envolant, je saurais tout reconnaître, je serais lucide, mon existence n'aurait pas été vaine. Tandis que eux, ils auront les yeux tournés vers la terre, le remords les rongeant, et leur âme sera hantée pour toujours. Réjouissons-nous d'avoir pu goûter aux petits bonheurs, réjouissons-nous d'avoir même pu les entrevoir. Car nous saurons qui ils sont désormais, lorsqu'ils frapperont à nos portes.
Le plus important, c'est d'être ensemble, de ne former qu'un corps solidaire, et de trouver ce bonheur caché pour le partager entre nos mains souillées et nos sourires tristes. Nous savons, nous deviendrons.
JAPAN[11:56:00]
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